“En thérapie” : une série en analyse, séance 5

« C’est back to basics : très bien écrit, très bien joué. »
 Arik KNELLER, agent littéraire et artistique, Tel-Aviv

Hier vous m’avez suivi dans les coulisses de la série « En thérapie », mais un rideau peut en cacher un autre ! Une histoire dans l’histoire de l’histoire…
Remontons donc à la genèse.

Des novelas à une série intimiste !

Tout démarre en Israël comme vous savez déjà surement…

C’est en 2005 qu’un ancien critique de cinéma, Hagai Levi créé « BeTipul » (בטיפול en hébreu, « En thérapie », littéralement en français). Cette série, coréalisée également par Ori Sivan et Nir Bergman a été diffusée jusqu’en 2008 sur la chaîne israélienne Hot 3.

(cliquez ici pour découvrir quelques épisodes en hébreu sur la chaine vimeo de Ori Sivan)

Hagai Levi a également réalisé la série « Our boys » disponible sur canal+.

Ce cinéaste a durant de nombreuses années travaillé pour la télévision, y compris pour des « telenovelas » dont il n’apprécie que l’aspect « addictif ».

C’est ce côté-là qu’il cherche à reproduire mais dans un feuilleton qui serait apprécié par son entourage.


Ceux et celles qui ne sont pas très « téléphiles » et qui ont du mal à se retrouver dans les programmes-télé proposés…
Et qui fuient plutôt les séries remplies de courses poursuite, d’effets spéciaux, etc.

Le réalisateur israélien éprouve l’envie de tourner dans un cadre intimiste, de faire plutôt dans le minimalisme et la simplicité.

En thérapie : à la scène et à la ville

Mais pourquoi un cabinet de psychanalyste ?

Hagai Levi confie avoir suivi une thérapie tout au long de vie. Il a commencé à consulter suite à des crises d’angoisses, alors qu’il quittait sa famille qu’il qualifie « d’ultra religieuse ».

Cependant, il choisit un angle de vue original : plutôt que de filmer la vie des patients, il préfère s’attarder sur celle du professionnel qui les reçoit. Il part du principe qu’elle intéresse les gens qui se demandent également ce que leur psy pense à leur sujet… !

Il s’agit donc par commencer par trouver l’acteur qui incarnera ce dernier. En effet, Hagai Levi choisit de recruter les comédien-ne-s avant de démarrer le travail d’écriture.

Côté casting, pour le rôle du thérapeute, nommé Reuven (Ruben) Dagan, il sollicite Assi Dayan, figure médiatique israélienne et fils du célèbre Moshe Dayan.
En France, il reste encore peu connu (bien qu’ayant joué dans « les Méduses » et « My Father My Lord »).

Il fait également à d’autres acteurs locaux populaires : notamment Assi Levi ( « Avanim » ), et Lior Ashkenazi ( « Tu marcheras sur l’eau » )

Série supervisée par un psy

Il s’attèle donc durant plus de 2 ans à dérouler le fil de l’histoire.
Puis une fois chacun des personnages campé, il les confie à différents scénaristes : à chacun son-sa patient-e.

Dès le départ, il fait le choix stratégique de faire appel à un psychothérapeute pour qu’il s’intègre à l’équipe et donne son avis-regard cliniques sur chacun des personnages de fiction.

Le cinéaste explique : « on lui demandait de les soigner. On lui disait : « Celui-ci vient vous voir, comment faites-vous avec lui ? Quelle enfance a-t-il eue ? » »

Cependant, le scénario « a le dernier mot » : « A la fin, on lui a demandé de regarder ce que nous avions écrit. Dans un épisode, l’adolescente, trempée par la pluie, se change chez Ruben. Il nous a dit que c’était absolument invraisemblable, on l’a quand même laissé.»

BeTipul : success série!

Et Hagai Levi a sûrement bien fait !

La série fait mouche et connaît un rapide succès, chacun-e pouvant s’identifier facilement aux personnages…

Le créateur de BeTipul ajoute : « c’est aussi un miroir de la société israélienne, avec ce pilote fils de déporté, ce PDG ultra-compétitif ou cette femme de 40 ans qui ne supporte pas de ne pas avoir d’enfant ».

L’accueil est plutôt très positif y compris chez les professionnels de la santé mentale…
La version DVD de la série sert même à illustrer le « transfert amoureux » dans certaines conférences !

Et côté critique, la 1^ère saison est largement saluée et remporte toutes les récompenses de l’Académie nationale dans la catégorie « série dramatique« .

Retours au réel

Cependant, épuisé suite aux 2 premières saisons, le réalisateur maintient son refus d’en lancer une 3^ème.

Il préfère participer à l’écriture de « In Treatment » (adaptation américaine datant de 2009) et quelques autres versions européennes notamment.

D’après lui, cet engouement télévisuel en aurait décidé plus d’un à aller consulter à leur tour, cette fois pour de vrai, entrainant même une hausse du tarif des consultations !

On peut imaginer qu’il y a dû y avoir quelques désillusions tout de même…

Le personnage de Ruben Dagan n’est pas exactement « l’analyste-type », ne serait-ce que parce qu’il parle… beaucoup !
(Cliquez ici pour découvrir une séance tout en jeu de mots autour de « En thérapie »)

A ce propos pour la petite anecdote, il paraitrait que certain-e-s télépectateurs-rices auraient contacté la production pour demander à être reçu-e en consultation par Ruben en personne !

Hagai Levi s’en amuse : « C’est incroyable qu’un type aussi tourmenté soit devenu le psy de la nation ! »

Alors, Dayan sera-t-il le nouveau « Lacan » ?!

Cet article s’inscrit dans le défi “Objectif Mars“

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Et…
A demain cher-e-s spect’ACTEURS et spect’ACTRICES !