« Journée de la femme » : droit(s) à l’écran ?!
Test Bechdel en images
Hier, nous avons parlé du documentaire Woman et évoqué la condition féminine et le Droit des femmes de par le Monde…
Cliquez ici pour lire l’article sur Woman
Ce film a souhaité poursuivre son engagement par la création de l’association WOMANs qui accompagne les femmes dans la filière des métiers de l’audiovisuel et des médias…
C’est un milieu qui reste encore très majoritairement masculin, comme nous allons le voir dans ce nouvel article…
Connaissez-vous le test de Bechdel ?
A priori, 40 % des oeuvres cinématographiques y échouent, dont nombre de films cultes… (dont les « Star Wars« ! Et nombre de « Marvel« )
Ce test de Bechdel qui date de 1985, cherche à évaluer le degré de présence féminine dans une oeuvre de fiction par 3 questions simples :
- 2 personnages féminins sont-ils présents et nommés ?
- Si oui, ces 2 personnes discutent-elles entre elles ?
- Si oui, la discussion porte-t-elle sur autre chose que sur un personnage masculin ?
Ce test porte le nom de sa créatrice « Alison Bechdel », auteure et dessinatrice américaine de BD; elle-même inspirée par le livre Une Chambre à soi de Virginia Woolf.
Elle constate un manque qualitatif et quantitatif d’héroïnes dans les fictions, et décide d’illustrer cette remarque dans une planche de sa BD «Lesbiennes à suivre».


Cela dit, ce test ne fait pas l’unanimité et engendre quelques débats…
En effet, certains considèrent que les 2 personnages en question doivent avoir un vrai échange…
De même, le film peut valider le test mais être par ailleurs « sexiste » dans le message qu’il véhicule etc.
Place des femmes derrière la caméra
Je vous invite à télécharger et consulter cette étude de 2019 faite par le CNC…
Elle suit, de 2008 à 2017, l’évolution de la place des femmes dans les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel.
En 2017, sur les 250 films hollywoodiens qui ont connu un réel succès, 11% seulement ont été réalisés par des réalisatrices.
En tant que femme, elles bénéficient de bien moins de financements.
Depuis les débuts du Festival de Cannes en 1946, seulement 82 films de réalisatrices se sont vus sélectionnés contre 1645 côté réalisateurs.
A ce jour, seule Jane Campion a remporté la Palme d’Or (en 1993, avec « La leçon de piano« ) !
Certains pays comme l’Irlande et la Suède entre autres, ont opté pour le système de quotas même s’il est vrai que cette option n’est pas toujours une solution satisfaisante…
Cela dit le CNC est en réflexion à ce sujet, y compris parce qu’en son sein les femmes sont sous-représentées.
C’est ce que montre une étude datant de 2017 : malgré une amélioration de la parité, l’inégalité salariale dans ce secteur persiste…
Pour la première fois, le 1er mars 2018 a été décerné un prix récompensant spécialement les réalisatrices.
Il porte le nom de la première réalisatrice de l’histoire du cinéma : Alice Guy.
Si on revient sur le test de Bechdel, on observe que sur les oeuvres des réalisatrices, 96% le passent avec succès.
Contre le sexisme : une comédie comme remède !
D’après cette étude CNC, les femmes influencent majoritairement le choix familial concernant les films.
Toujours selon le CNC, en 2017, plus de la moitié du public français est composé de spectatrices ! Leur nombre est croissant (+ 36,7% entre 1993 et 2014).
J’ai pu être agréablement surprise par des comédies qui, de prime abord pourraient ne pas payer de mine, mais qui diffusent un message plutôt porteur :
- « I feel pretty« ,
- « 20 ans d’écart« ,
- « Une femme de tête« ,
- « Je ne suis pas un homme facile«
- « L’amour extra large«
Les rappels importants de s’accepter comme on est, de ne plus attendre de l’autre qu’il nous aime à notre place, de ne plus être esclave du regard d’autrui et de certaines normes sociales y sont questionnées…
Limite à 50 pour les actrices !
Si les comédiens d’âge mur semblent à leur apogée de leur carrière et de leur charme, les actrices auraient bien moins le vent en poupe !
Et en tant qu’actrices elles tournent 5 fois plus de scènes dénudées ou en petite tenue, que les acteurs.
Aussi, l’actrice française d’origine argentine Marina Tomé, dénonce un sexisme social dans son manifeste pour rendre visibles les femmes quinquagénaires.
Elle est à l’origine de la commission AAFA-Tunnel des 50 (une cinquantaine de membres depuis sa création en 2015).
Cliquez ici pour télécharger le manifeste
Cette comédienne explique que le cinéma français met très majoritairement les femmes entre 20 et 35 ans à l’honneur à l’écran…
Heureusement il y a des actrices françaises très célèbres qui ne vont pas prendre leur retraite de suite !
Isabelle Huppert, Catherine Deneuve, Sophie Marceau, Juliette Binoche, Catherine Frot, Sandrine Kimberlain etc.
Autant de femmes ayant interprété des personnages féminins « forts », puissants, rebelles, troubles, etc.
Il reste qu’actuellement si l’on peut se réjouir d’une avancée certaine vers l’équité, quelques minorités restent encore peu représentées à l’écran…
La communauté LGBTQ+, ou les femmes noires et métisses par exemple.
Cela dit, les choses bougent doucement mais sûrement… (cf « Rafiki« , de Wanuri Kahiu, interdit au Kenya mais applaudi par exemple )
Être héroïne au XXI ème siècle !
Par ailleurs, depuis les années 1990, notre ami Disney travaille à promouvoir une nouvelle image de la « princesse » auparavant plutôt « potiche girly » (cf Cendrillon, Blanche Neige, Belle…)
😉
Les héroïnes telle que Mulan, Pocahontas, Rayponce, Rebelle, etc. savent se montrer courageuses, fortes, indépendantes, dégourdies, rusées etc.
Pareillement, dans la saga « Harry Potter« , le personnage féminin de Hermione Granger apparaît moins cliché et plus en nuances…
Cependant, Harry Potter et les reliques de la mort, partie 2 ne passe pas le test de Bechdel,
Petite liste (de loin non exhaustive) à voir
pour méditer autour de la question féministe :
Une femme d’exception, par Mimi Leder
Potiche de François Ozon
Beignets de tomates vertes, de John Avnet
Les figures de l’ombre, de Théodore Melfi
Marie Curie,de Marie Noëlle, ou Radioactive de Marjane Satrapi
Nikita et The Lady de Luc Besson
La domination masculine de Patrick Jean
Et… en bonus savoureux : extrait de la scène culte du collier du film « Un air de famille » !
Cet article s’inscrit dans le défi « Objectif Mars«
Je compte sur votre soutien durant ce défi 😉
Hâte de lire vos retours !
Et…
A demain cher-e-s spect’ACTEURS et spect’ACTRICES !
Sources:
https://www.violainecherrier.com/quelle-place-pour-les-femmes-au-cinema-en-2018/
https://www.europe1.fr/culture/cinema-francais-ou-sont-les-femmes-3588491
https://www.lesinrocks.com/2017/02/27/cinema/femmes-lindustrie-cinema-inegalitestoujours-de-mises-malgre-ameliorations-11916957/
https://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/stars/pourquoi-les-femmes-sont-elles-sousrepresentees-a-hollywood-252527
https://www.cineserie.com/dossiers/toplist/les-10-films-cultes-qui-ont-echoue-au-testde-bechdel-1568126/
Merci pour cet article! Très sympa!
Un petit bémol sur les potiches girly de Disney… Moi qui suis une « fan disneyenne », Cendrillon joue en effet LA potiche par excellence selon moi… (même si quelque part sa soumission est compréhensible étant données les circonstances.. on ne peut que la prendre en pitié!) Mais Blanche-Neige, malgré sa naïveté, est pour moi un personnage doté de courage, d’optimisme à toute épreuve (ok, ok, peut-être trop mais ne vaut-il pas mieux voir le verre à moitié plein? 😉 ) et son « Prince qui vient » n’atterrit pas de « nulle part », on voit quand même une relation se tisser avant le baiser final.. 😉 Belle également est selon moi justement « rebelle » dans son amour pour la lecture et sa « non soumission » à des stéréotypes ultra féminins, et son courage qui la pousse à vouloir sauver son père est honorable, non? 😉 Donc oui, il y a des stéréotypes et des schémas sexistes (du fait aussi de l’époque de leur réalisation), mais pas que selon moi. En effet, j’aurai préféré « Le Beau et la Bête », la Bête étant une femme, ça aurait vraiment cassé les codes de la Princesse parfaite! 😀
Merci beaucoup pour ton commentaire qui ajoute en effet un peu de nuances 🙂 C’est simplement que les anciens Disney échouent vraiment au test de Bechdel 😉 Et bien évidemment l’ambiance patriarcale et phallocrate dans laquelle se sont inscrits ces oeuvres les ont fortement influencées ! Le Beau et la Bête : prochain Pixar ?! Une autre version de Shreck?!
😉 C’est vrai que Shrek a pris ce parti, bien que du coup Shrek ne soit pas un beau prince charmant… évidemment 😛 une autre version est en effet nécessaire! haha!
il est clair que dans ce sens, Disney n’a pas non plus été un grand révolutionnaire de la pensée commune… Peut-être que ses autres chats à fouetter (ou plutôt souris..!) faisant de lui un grand révolutionnaire dans le monde du cinéma d’animation entre autres, ne lui permettaient pas d’être trop en décalage non plus…? A creuser..! 🙂
En effet, Disney s’il avait été « féministe » dans ses créations, ça aurait été, à l’époque, moins vendeur et très risqué de s’aventurer hors des sentiers « genrés »… Pour te rejoindre dans ton verre « à moitié plein », on peut déjà apprécier le fait qu’il s’aligne sur les efforts actuels que notre Société fait pour réduire les inégalités dans ses nouveaux dessins animés 😉 Merci en tout cas pour tes commentaires pertinents ! C’est aussi le but du blog de susciter le débat et de laisser la parole libre !