Filmothérapie : des films pour aller mieux !

Filmothérapie : des films pour aller mieux !

21/09/2020 1 Par Cinémathérapie

Qu’est-ce que la filmothérapie ?

Impacts du 7ème art

Je pense que chacun-e a pu faire cette expérience au cinéma devant son écran, d’avoir été touché-e, marqué-e, bouleversé-e par une oeuvre cinématographique…
C’est d’ailleurs ce que nous avons pu découvrir ensemble lors du défi des 12 interviews 🙂

Regarder un film peut être bien plus qu’un simple moyen de se divertir… Ce n’est pas pour rien que le cinéma s’appelle le 7éme art.

Et c’est donc naturellement qu’il se retrouve parmi les différentes techniques utilisées en art thérapie.


Le terme de « filmothérapie » désigne une pratique bien spécifique qui utilise la vidéo, et plus spécifiquement le film, à des fins thérapeutiques.

Une séance de filmothérapie peut consister en l’analyse d’oeuvres visuelles connues des patient-e-s, en lien avec une problématique qu’ils exposent.

Elle peut également faire suite à une recommandation spécifique aux patient-e-s, d’oeuvres (traitant d’une même thématique) à visionner et à analyser seul-e. Puis, en après-coup avec le-la thérapeute réévoquer les ressentis durant le visionnage, ce qui a émerger, ce qui en ressort, les éventuels échos avec leurs propres souvenirs etc..


Le média cinéma s’inscrit aisément dans l’art-thérapie car il provoque, permet, différents types d’émotions, d’ailleurs parfois ambivalentes.
Nous pouvons nous esclaffer devant une comédie, pleurer à chaudes larmes à la fin d’un drame, et être comme transporté-e durant un film dit « inspirant ».
Ou bien vivre tout ça successivement dans une comédie dramatique bien ficelée !

Au delà du divertissement : des films inspirants

Les précurseurs de la filmothérapie sont deux psychologues espagnols : Burque& Hodgson, ils se proposent d’utiliser le cinéma comme outil complémentaire à la thérapie classique. Ils ont d’ailleurs créé un blog sur coaching, thérapie et cinéma (en espagnol).

Nul besoin de préciser que la filmothérapie n’a pas pour vocation de remplacer une psychothérapie
Mais elle peut s’opérer en parallèle d’une démarche de soin personnelle et l’enrichir, la colorer, la nourrir de la cinéphilie éventuelle des patient-e-s.

L’idée est d’amener les patients à réfléchir sur différents aspects de la vie au travers du visionnage de divers longs ou courts métrages, dans leur totalité, ou de certaines scènes choisies.

Cette pratique s’adresse à tous ceux et celles qui souhaitent s’engager une démarche de développement personnel, voire de guérison émotionnelle


Cela dit, nul besoin d’être cinéphile à proprement parler. Il suffit d’avoir du plaisir à regarder des films ou séries, et être disponible pour se « poser » devant l’écran de façon davantage conscientisée et investie.

Il n’y a que peu de personnes qui se décrivent comme totalement insensibles au cinéma.

Ce, parce que le média film sollicite de fait notre attention et nos différents sens : on se sent plus ou moins « embarqué-e-s », happé-e-s par l’image.
Il n’y a qu’à observer les enfants « collé-e-s » aux écrans !

L’image appelle, fascine, enveloppe, absorbe

Nombre sont ceux et celles qui décrivent la perte de la notion du temps !

Cela dit, la filmothérapie ne propose pas une fuite de la réalité.
Mais au contraire, une méthode pour être plus ancré-e dans sa propre existence.
Pour pouvoir y vivre et se vivre en tant qu’acteurs et actrices véritables…

Des films pour une vie meilleure


Aspects thérapeutiques du média film

Qu’est-ce qui rend le film efficient en tant que complément thérapeutique ?

La structure même du film favorise l’attention du spectateur, ou de la spectatrice, concentré-e sur l’écran.

La densité de l’histoire, du scénario, crée un rythme particulièrement intense, étant donnée la durée classique d’un film qui n’excède pas deux heures.

De nombreux personnages, décors, époques, peuvent défiler à l’écran.
Cela permet d’accéder rapidement à une palette d’émotions variées, et parfois même contradictoires, ou dérangeantes.

L’idée étant de pouvoir analyser nos sensations et vécus émotionnels, suscitées par ce visionnage.

Dans un premier temps, le patient spectateur ou la patiente spectatrice, est amené-e à une phase individuelle d’introspection.
Puis, en présence d’un thérapeute, il-elle, peut revenir sur ses impressions, ses réactions, ses pensées, durant la projection.

Mieux se connaître grâce aux films

La thérapie par les films s’appuie sur l’idée que la vidéo peut être un tremplin à l’imagination, l’empathie, l’identification projective

En effet, nous pouvons nous identifier aux différents personnages, nous retrouver en eux.
Nous pouvons ainsi vivre, comme par procuration, un remaniement psychique. Ce dernier nous permettant à la fois une remise en question éventuelle, et une meilleure connaissance de soi.

Certain-e-s peuvent aller jusqu’à vivre comme une révélation, qui les amène à une volonté, un désir, de changement, parfois profond.

Le média visuel en associant image et le son, nous invite à une reconnexion à notre corps.

On peut alors « faire une pause », arrêter le film un instant et s’observer. Qu’est-ce qu’il se passe en nous, intérieurement ? Quelles émotions ?
Soyons curieu-ses-x !

De la peur ? Du dégoût ? De la joie ?
Explorons nos sensations : la moiteur de nos mains, le froncement de nos sourcils, notre battement cardiaque, nos épaules relâchées, un sourire sur nos lèvres, etc.

Essayons de nous laisser ressentir .librement puis décrire telle réaction corporelle, physiologique face à telle ou telle scène etc.
L’idée du visionnage en « conscience » est de pouvoir être à l’écoute aussi des signaux du corps.
Et peut-être découvrir que finalement nous apprécions tel ou tel style de film, et nous laisser surprendre.
Ou au contraire, qu’il s’agit de respecter nos limites en éteignant l’écran.

De nombreux bienfaits à la thérapie par les films

D’après une étude faite aux USA en 2004, par Lampropoulos, Kazantzi et Deane : 67% des 827 psychologues et psychiatres interviewé-e-s ont indiqué utiliser « naturellement » la filmothérapie dans le traitement de leur patientèle.
De plus, 88% ont estimé qu’elle consistait en un complément efficace à la thérapie.
Seul 1% a affirmé le contraire – à savoir que l’utilisation du film comme média thérapeutique pourrait nuire au processus de soin.

Daniel Mangin (1999) précise que les films peuvent certes générer des comportements néfastes, destructeurs, (transgressifs ou violents par exemple), mais que l’inverse est aussi vrai !
Ils peuvent aussi susciter des comportements « positifs », constructifs !
Et avoir un impact d’autant plus puissant qu’il se produit par le biais des émotions, et n’est donc pas qu’intellectuel.

C’est une forme de thérapie qui est très accessible, simple (mais non simpliste) et peu couteuse !

La filmothérapie peut également faire moins » peur », parce qu’elle s’appuie sur un média rattaché à l’idée de divertissement, de détente, de bien-être… Un film peut en effet être ré énergisant, inspirant

Étant donné le nombre colossal de films créés depuis les débuts du 7éme art, une large palette de problématiques, de thématiques complexes, peuvent être abordées.

Les oeuvres cinématographiques peuvent, à l’instar des contes ou des fables, être allégoriques et faire écho à une culture commune, à un inconscient collectif

cinema inspirant

Les séances filmothérapeutiques permettant alors d’affronter des peurs, des angoisses, exprimer de la colère

Ce, en faisant revenir à la mémoire, à la conscience, des souvenirs parfois enfouis, qui resurgissent durant le visionnage, ou en aprés-coup…
Il peut donc y avoir également un effet cathartique.

Il y aurait encore nombre de choses à dire sur cette pratique novatrice de l’utilisation du films comme outil d’art-thérapie
Mais restons là pour aujourd’hui si vous le voulez bien !

Et en attendant de découvrir notre prochain épisode, n’hésitez pas à consulter les 12 interviews menées dans le cadre du lancement de ce blog 😉

Le prochain article de cette nouvelle série « définitions » retracera notamment les origines et l’historique de la cinémathérapie, dans laquelle la filmothérapie s’inscrit évidemment !

(cliquez ici pour retrouver cet article historique !)
😉

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