« En thérapie » : une série en analyse

Succes-story d’une série !

Hier nous avons abordé l’intérêt que peuvent présenter notamment les séries pour se motiver dans l’apprentissage d’une langue étrangère…
(cliquez ici pour lire l’article anglais et cinéma)

J’ai choisi de parler aujourd’hui de la fameuse version française de série « En thérapie » qui passe actuellement sur la chaîne Arte.

Cette série télévisée, remake d’une série israélienne, a déjà été adaptée pour la télévision américaine « In treatment « .

En France, elle remporte un franc succès auprès du public (plus de 15 millions de vue seulement un mois après sortie).

Étant donné que les épisodes se succèdent dans le cabinet d’un psychanalyste, l’accueil enthousiaste de cette nouvelle série n’était pas des plus évidents…
En effet, ces dernières années, la théorie psychanalytique, compte de nombreux détracteurs.

Mais, avant de vous proposer une excursion au coeur de « En thérapie« , je vous propose de découvrir les premières impressions d’une téléspectatrice qui a gentiment accepté d’être interviewée.

À l’image du format série, je vous propose donc de démarrer par ce premier épisode avec Sandra, trentenaire exerçant dans le milieu médico-social, qui vient de découvrir cette série.

En thérapie en milieu hostile

Bonjour Sandra, nous sommes là aujourd’hui pour parler de la série « en thérapie », série que tu viens à peine de commencer ?

Oui tout à fait !
Je n’ai vu qu’un seul épisode, et jusqu’à présent je n’en avais pas entendu parler, je suis donc partie sans aucun a priori…
J’ai seulement lu le synopsis au moment d’enclencher la lecture.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je vais peut-être te laisser te présenter à notre lectorat…

Bien sûr : bonjour à tous et à toutes, Sandra, trentenaire, éducatrice spécialisée de formation, et enceinte de mon troisième enfant !

Alors Sandra, peux-tu nous dire comment tu t’es décidée à démarrer « En thérapie » ?

En lisant le synopsis, juste avant de lancer le premier épisode, j’ai été interpellée par le fait que c’était autour notamment de la thématique des attentats du Bataclan…

J’avoue, je n’ai à ce jour jamais trop regardé de reportages ou émissions sur cet événement.
D’ailleurs généralement, pour ce qui est des films, je n’aime pas ce qui est angoissant, ou violent…

Au moment de ces attentats, je vivais  à Paris.
Et bien que n’ayant pas été touchée de près, j‘en garde un très mauvais souvenir, comme tout le monde…

Pourquoi regarder « En thérapie » ?

Qu’est-ce qui a fait que tu as eu l’envie de regarder cette série ?

Eh bien une amie me l’a conseillé, en me disant que tout le monde en parlait !
Or, moi je ne connaissais pas du tout ! Donc j’ai eu l’envie de découvrir et j’ai regardé le premier épisode dans la foulée de notre discussion.

Peux-tu nous parler de ce premier épisode ? Comment l’as-tu trouvé ? Qu’en as-tu retenu ?

J’ai trouvé ça super intéressant.
Déjà, parce que la psychanalyse c’est quelque chose que j’ai rencontré dans mon travail, donc que je connais un peu.

Je trouve ça intrigant d’être dans le cabinet d’un psychanalyste, et d’être spectateur de séance…
Certaines choses me font d’ailleurs écho.

Et puis, comme dit précédemment, le sujet des attentats, c’est chouette de le traiter aussi de cette façon-là.

Le traiter comme ça?

Oui, que ce soit latent…
Plutôt que traité ça sous la forme de scènes « documentaires », en remontrant les faits reconstitués ou images d’archives etc.
Pour le coup, ce sont des choses que je ne regarde pas parce que je trouve ça violent.

Ariane, patiente sur le fil…

Qu’est-ce que tu as retenu de cet épisode d’ouverture avec Ariane la première patiente ?

Je reste un peu sur ma faim…
Mais c’est ça qui est intéressant d’ailleurs, parce c’est que j’ai envie de voir la suite !

Ce que j’ai retenu, c’est qu’on se situe juste après les attentats.
Cette patiente vient d’enchaîner 48 heures d’opérations etc., étant donné qu’elle est chirurgienne.

Du point de vue du psychanalyste, j’ai l’impression qu’il procède étape par étape pour l’amener tranquillement à parler de son traumatisme.
Trauma dont pour l’instant, elle n’a visiblement pas envie de parler.
On voit qu’elle part sur d’autres choses, notamment elle insiste sur son transfert amoureux avec son analyste !

Il y a du coup un côté « décalé », entre la violence des attentats, et à ce qui se passe dans l’échange entre eux.
Même s’il y a aussi dans leurs dialogues une forme de « dureté« , de provocation passive-agressive…

Porte d’entrée « En thérapie »…

Qu’est-ce que tu penses du concept de cette série, à savoir nous faire pénétrer dans un endroit jamais dévoilé ? Notamment peut-être en tant que patiente, si par exemple tu as déjà toi-même consulté…

La façon dont tu poses la question me fait associer sur la notion de voyeurisme…
Et c’est sûr, que c’est aussi ça en même temps qui doit accrocher le public !

Mais c’est intéressant aussi le fait d’être vraiment plongé dans l’intimité de ces personnes qui sont en analyse…
Parce que ça peut aussi permettre de s’identifier, d’entendre à l’écran des choses qu’on oserait pas dire ou se dire…

Pour répondre à ta question, j’ai déjà suivi des thérapies oui, je trouve ça important pour l’équilibre personnel…
Donc forcément cela m’évoque aussi des choses de mes propres parcours thérapeutiques.

Est-ce que tu as trouvé ça réaliste ? Est-ce que certains éléments t’ont troublée ? Dans ce que tu peux aussi peut-être te représenter d’un cadre analytique ?

Alors, je n’ai pas suivi de psychanalyse dans mes accompagnements thérapeutiques.
Donc le cadre stricto sensu, je ne peux pas faire de réel comparatif…

Mais après, dans ma représentation, mis à part le fait qu’Ariane n’a pas souhaité rester allongée sur le divan (sacro saint dans une représentation un peu caricaturale !)…
Rien ne m’est venu de particulier, ça m’a paru réaliste.

Porte parole « pro thérapie » ?

Qu’est-ce que tu trouves intéressant dans le fait de rentrer dans ce cadre-là ? Qu’est-ce que tu penses pouvoir en retirer de ce qui se dit entre eux, des interprétations de Dayan ?

J’ai peu de recul ayant seulement vu un seul épisode très récemment !

Mais là comme ça, à chaud, je me dis que ça peut peut-être être un moyen de désacraliser la psychanalyse.
Et, ou, en tout cas ne serait-ce que la notion d’accompagnement thérapeutique de façon plus large…

Ça, ça peut être intéressant pour le grand public.
Justement de voir l’évolution des personnages, de les voir cheminer…

Ça peut aider à se dire que n’importe qui peut consulter et que ça peut avoir un intérêt…
J’ai toujours défendu le fait que c’était important, et pas réservé à ceux qu’on appelle « fous » !

N’importe qui peut se faire aider, on a tous plus ou moins besoin de travailler quelque chose…
Par rapport à l’aspect de notre vie, un élément de notre passé.
Cette série peut peut-être permettre de faciliter tout ce cheminement.

En thérapie : unique en son genre

Est-ce que tu as l’habitude du format « série » ? Est-ce que tu trouves des différences  par rapport à une série « classique » ?

Oui clairement.
Cette série est à part ne serait-ce que par le fait que tout se passe apparemment à huis clos, dans une même pièce…

Et c’est ça aussi qui fait naître l’intérêt du spectateur.
Tout repose sur le dialogue, le travail d’écriture et d’interprétation du texte.

Or, il y a aussi des choses singulières qui se jouent du fait que toutes les relations entre personnages se déroulent dans une seule et même pièce.

Par exemple, dans ce premier épisode, la patiente et l’analyste évoque des éléments du décor, du mobilier...
Les espaces sont nommés, on les fait exister…
On est d’autant plus attentifs au cadre, aux détails… qu’on n’en sort pas de ce cadre !

Même si le dehors aussi est évoqué…
Par leurs échanges sur les souvenirs autour des attentats, le récit d’Ariane de sa garde hospitalière, son attente sur le trottoir avant la séance etc.

Mais l’aspect « huis clos » est assez unique.
Et le fait qu’il n’y ait que 2 personnages à chaque fois, cela me fait penser au théâtre.

L’acteur Frédéric Pierrot qui joue le rôle de Dayan est issu du milieu du théâtre !
(cliquez ici pour son interview sur France culture, à propos de son rôle)

Séances en série !

Est-ce que tu aurais envie de la poursuivre ou pas ? et pourquoi ?

Oui, là franchement je suis partie pour voir la suite.

D‘autant que j’ai vu dans le synopsis qu’il y avait 4 ou 5 personnages !
Donc j’ai envie de voir aussi les autres, ne serait-ce que par simple curiosité.

L’épisode m’a bien accrochée à dire vrai ! Aussi, je n’ai pas de réticence…

En tout cas, pour moi c’est très différent de mes séries habituelles.

J’adore en regarder et le problème c’est d’ailleurs qu’une fois démarrée, je n’arrive pas à m’arrêter ! Netflix n’est pas mon ami pour ça !
(découvrez ici comment Netflix peut au contraire devenir votre allié !)

Est-ce que tu as eu des bonnes ou des mauvaises surprises dans cette première approche de la série ?

Par rapport à l’analyse en tant que telle non.
Mais en lisant le synopsis, je ne m’attendais pas à ce qu’on soit que dans le cabinet.

Je m’attendais à ce qu’il y ait forcément des flash-back des attentats…
Comme avec le 11 septembre par exemple…
Où quand il y a des événements de ce genre, on nous les passe en boucle !
Et ces images violentes nous donnent l’impression de vivre ça comme si on y était… C’est ce qui me gêne d’ailleurs.

Suspense insoutenable ?

Mais je m’attendais à voir ce genre de choses aussi, à un moment donné ou à un autre.
Quand la patiente évoque les blessés notamment.
En tout cas, je trouve ça chouette que ça n’y soit pas !
J’appréhendais un peu.

Même si j’ai lu dans un article sur « Les dents de la mer », que le fait qu’on ne voit jamais ce fameux requin, mais qu’il soit omniprésent, c’est ça qui fait encore plus peur aux gens !

Donc je ne sais pas si dans un sens, à la longue, le fait de ne jamais voir d’images du Bataclan, tout en en parlant à chaque séance, va m’angoisser ou pas !

Auquel cas j’arrêterai de regarder… ou j’attendrai d’avoir accouché !

Très merci pour ces retours, c’est intéressant d’avoir tes premières impressions et réflexions…
On arrive à la fin de cette interview : est-ce que tu aurais quelque chose à rajouter ?

Peut-être simplement que j’ai hâte de voir la suite, notamment pour découvrir les nouveaux patients, et puis te remercier pour cet échange !
Et qui sait, au plaisir de s’en reparler lors d’une prochaine interview ?!

Pourquoi pas ? Notamment pour avoir ton avis une fois que tu auras fini de visionner les 35 épisodes ! Mais là encore, suspense !

Et vous ? Vous connaissiez « En thérapie » ? Qu’en pensez-vous ?
Êtes vous partant-e pour que je poursuive sur ce thème ?

Réagissez en commentaire ! 🙂

Cet article s’inscrit dans le défi “Objectif Mars“

Je compte sur votre soutien durant ce défi 😉
Hâte de lire vos retours !

Et…
A demain cher-e-s spect’ACTEURS et spect’ACTRICES !