“En thérapie” : une série en analyse, séance 11
Hier, je vous proposais de regarder de plus près les 2 psys de la série « En thérapie ».
Philippe Dayan, héros de l’histoire, psychiatre psychanalyste et une consœur Esther, qu’il va solliciter pour être supervisé (ou « contrôlé » en termes psychanalytiques)
(cliquez ici pour un article CAIRN sur le « contrôle » dans la pratique psychanalytique)
Aujourd’hui, je vous propose de poursuivre ce cycle.
Et ce, avec d’autant plus de plaisir, qu’un commentaire encourageant sur le dernier article rappelait combien cette série était un véritable « phénomène » !
Et que ce phénomène était à entendre et interpréter surement aussi à l’aune du contexte sanitaire actuel…
Où la population a besoin de sens, d’écoute, de lien…
Explorons ces pistes ensemble…
La parole à l’écran


L’équipe des réalisateurs, Nakache & Toledano, Mathieu Vadepied, Nicolas Pariser et Pierre Salvadori, ont filmé majoritairement en champ-contre champ…
Soit la technique de base de la réalisation filmique.
Lors d’une table ronde animée par Arte, à laquelle participe le journal 20minutes, Eric Toledano explique en effet que ce format « série intimiste » impose d’autres codes que celui du cinéma.
Sur grand écran, le décor prend beaucoup de place, il faut générer du mouvement, donner à voir plutôt qu’en dire trop…
Dans « En thérapie », la parole a la part belle et les silences aussi…
L’idée est au contraire de « dire », tout en finesse, en en montrant le moins possible…
Reda Kateb évoque d’ailleurs le parallèle avec le théâtre… Tout comme Frédéric Pierrot, issu de ce milieu d’ailleurs qui relève également le parti pris de mettre au centre la parole « (…) et la simplicité de la présence physique (…) »
La parole à la folie
Par ailleurs, Mathieu Vadepied, directeur artistique, rappelle dans quelles conditions s’est déroulé ce tournage atypique… Chaque épisode a été tourné en 2 jours (1 seul pour la version originelle BeTipul !).
Côté mise en scène, de nombreuses longues prises rendent encore plus ardues le travail d’acteur, au vu de la masse de texte à apprendre par cœur ! Une « folie » pour Carole Bouquet !
Quant à elle, la jeune Céleste Brunnquell remarque que ça n’est pas sans effet : « on y pense tout le temps, dans la rue, sous la douche… Il y a forcément quelque chose qui fait que ça devient vraiment nous ».
Pareillement, pour Frédéric Pierrot : « C’est très troublant quand on écoute attentivement ce qui est dit par l’autre, et ce par quoi on est traversé. C’est un dialogue qui est très impliquant ».


La parole à l’honneur
Pour ce dernier et sa partenaire de jeu Carole Bouquet, l’accueil si favorable du public français peut aussi s’expliquer en ce qu’il question de « mise en présence », de « distance », de « rencontre »…
Et en ces temps de « distanciation sociale », de « confinements », ces notions de relationnel simple et fort à la fois revêtirait presque un caractère cinémathérapeutique !
En tout cas si ce feuilleton a littéralement fait un carton dès sa sortie, c’est peut-être également parce qu’il répond à un besoin d’introspection, de parole et d’écoute bienveillante…
C’est un exercice singulier que de faire entrer les téléspectateurs-rices dans le cabinet d’un analyste. Ce qui s’y dit, ce qui s’y « trame » est loin d’être anodin…
On y trouve et touche l’intime, le grave, le dense, le meilleur et le pire de notre humanité…
Là encore Toledano répondant précise : « (….) filmer ce qu’il y a de plus pudique chez nous, (…) la façon dont on a de se construire, de se mentir » .
L’idée selon le réalisateur est de faciliter pour un public non averti, la compréhension de la mécanique psychanalytique… Qu’il puisse en avoir un aperçu.
La parole en question
Cela dit, il tient à préciser que « ce n’est pas une ode à la psychanalyse », mais le portrait d’un psy traversant une crise personnelle, renvoyé aux limites de sa pratique qu’il questionne, notamment dans son rapport au monde extérieur.
Or, ce monde extérieur a été ébranlé le 13 novembre 2015, et la série, ancrant son déroulé au lendemain de ces attentats vient aussi rassembler le public autour de ce drame national.
Le premier épisode s’inscrit dans cette temporalité. Ariane, effondrée, y fait le récit de cette nuit d’horreur où elle a eu en charge les blessés.


Chacun-e est alors renvoyé-e à ses propres souvenirs, ses réactions, ses émotions…
Nakache poursuit en indiquant que la question nous est indirectement posée : et nous, comment avons-nous vécu cette tragédie ?
Selon lui, notre société « panse ses plaies », la série offre une possibilité d’analyse de ce traumatisme collectif survenu plus de 5 ans auparavant.
La parole est à vous !


Et vous ? Qu’en pensez-vous ?
Est-ce que, comme Sandra dans son interview, cette série vous a ramené-e à votre vécu des attentats du Bataclan ?
Que retenez-vous du visionnage de cette série ?
Que pensez-vous de l’avis de Fredéric Pierrot et Carole Bouquet quant à leur explication du succès du fait de la situation de « crise mondiale » actuel ?
Exprimez-vous en commentaires !
Cet article s’inscrit dans le défi Objectif Mars
Je compte sur votre soutien durant ce défi 😉
Hâte de lire vos retours !
Et…
A demain cher-e-s spect’ACTEURS et spect’ACTRICES !